Exposition "Vivre et guérir du cancer"

Nadia Ferroukhi, photojournaliste, se découvre un cancer du sein lors du premier confinement et 3 jours avant son anniversaire. Avec Aldo Soares, photographe également, ils décident de réaliser une exposition pour mettre en lumière le parcours des patientes soignées pour un cancer du sein. Cette exposition est le résultat de ses rencontres à l’ICM, avec pour objectif "de mettre en lumière ceux qui sont dans l’ombre". Un reportage intimement lié à son parcours en tant que patiente.

Quelques mots sur Nadia Ferroukhi

Née d'une mère tchèque et d'un père algérien, Nadia Ferroukhi est une nomade. Depuis son enfance, elle vadrouille dans les 4 coins du globe, elle est aujourd'hui basée à Paris. Diplômée en relations internationales à Washington D.C, polyglotte et curieuse, c'était devenu évident pour elle d'explorer le monde avec son "3^ème oeil". Parfaite option pour conjuguer les désirs qui l'animent : l'empathie, la curiosité et le regard qu'elle pose sur les différences, cherchant à mettre en lumière ceux qui sont dans l'ombre.

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Témoignage de Nadia Ferroukhi qui réalise une exposition en soutien à Octobre Rose

Avril 2020, en plein confinement, 3 jours avant mon anniversaire, j’apprenais que j’avais un cancer du sein. On pense toujours que ça n’arrive qu’aux autres, mais non, ça m’arrivait. Pas simple de digérer une telle nouvelle, moi qui ne suis jamais malade et donc pas armée pour ça. Puis un jour, j’ai décidé de dire le mot cancer, comme une résignation peut-être, et j’ai donc basculé dans "le monde des cancéreux", ce qui fut d’abord une tragédie. Je me suis sentie terriblement seule. Même bien entourée, j’étais terriblement seule. Personne ne pouvait être à ma place. J’imaginais alors les pires catastrophes avec ce cancer, ce mot tabou, synonyme de maladie, de faiblesse et de mort.

Et puis, j’ai immédiatement pensé à Nils, mon fils de 11 ans, qu’il n’était juste pas possible de ne pas voir grandir. Il me fallait me battre contre le crabe.

Soutenue par l’empathie et la bienveillance de l’équipe médicale qui m’a prise en charge à l’ICM, Institut du Cancer de Montpellier, j’ai commencé à remonter la pente, à croire au bout du tunnel. À coup de statistiques et de données scientifiques, j’ai commencé à croire que, moi aussi, j’allais m’en sortir.

Ma vie changée et l’espoir, enfin. Lorsque j’ai commencé ce travail photographique autour du cancer du sein, Vicky fut ma première "camarade", elle était en pleine chimiothérapie à l’époque et je suis sortie en pleurs du bloc où ses soins étaient administrés.

Pourquoi diable t’es-tu lancée dans cette aventure un mois après ton opération ? La seconde séance avait plus de sens, et cette fois je n’ai pas pleuré et les rencontres se sont enchaînées. Vicky, Catherine, Martine, Virginie et Jeanet m’ont accueillie avec la même tendresse et la même générosité que nous partageons toutes dans le même défi…

Exposition Nadia Ferroukhi - Octobre Rose

Une thérapie par l'image

Finalement au bout de plusieurs séances avec ces femmes, qui sont devenues un peu comme des sœurs, je me dis que j’ai eu raison de m’engager dans ce projet en dédiabolisant ce cancer grâce à ma passion, la photographie. Une thérapie par l’image enrichie par les échanges entre elles et moi. Pour la première fois, j’étais un élément de reportage.
Si ce travail pouvait contribuer avant tout à diffuser un autre message sur le cancer du sein, moins anxiogène, et me donner l’occasion de crier qu’il faut dépister, que ça se soigne et que, peut-être, je pourrai être centenaire…ou presque, alors avec Vicky, Catherine, Martine, Virginie et Janet, nous aurons gagné notre pari !