La fumée de cigarette contient plus de 7 000 substances chimiques différentes, dont des centaines sont dangereuses pour la santé (monoxyde de carbone (CO), acétone, acide cyanhydrique…) et 69 sont connues pour causer des cancers (goudrons comprenant les hydrocarbures polycycliques aromatiques, les amines aromatiques, les aldéhydes….).
L’ensemble de ces produits sont liés :
- à la plante,
- à la combustion de la plante,
- aux produits phytosanitaires utilisés pour la traiter,
- aux produits que la plante puise dans les sols (produits radioactifs, produits phytosanitaires aujourd’hui interdits mais restant dans les sols, métaux lourds, etc.),
- aux produits qui sont ajoutés par les industriels du tabac pour favoriser la consommation. Il peut s’agir de produits pour augmenter le pouvoir addictif (ammoniaque, etc.) ou pour rendre la fumée moins irritante et plus facile à inhaler en améliorant son goût et en diminuant son âpreté: cacao, sucrose, miel,
- aux produits qui sont ajoutés par les industriels du tabac pour rendre le produit plus attractif ou plus socialement acceptable et diminuer la gêne occasionnée par l’odeur ou la fumée visible passive. C’est ainsi que la vanilline, le limonène ou le p-anisaldehyde sont répertoriés par des cigarettiers comme additifs permettant de réduire l’odeur de la fumée.
Les dépendances liées au tabac
- La dépendance physique : c’est la dépendance liée à la chimie du produit et de ses actions.
- La dépendance psychologique : c’est la dépendance liée à la fonction donnée au produit par le fumeur, consciemment ou non. La cigarette peut être utilisée comme un moyen pour se faire plaisir, gérer un stress ou l’anxiété, accompagner ses émotions, se stimuler, se concentrer, etc.
- La dépendance comportementale : c’est la dépendance liée à l’environnement du fumeur ou à des comportements automatiques. Certaines situations sont quasi systématiquement vécues avec une cigarette : prise d’un café, conversation téléphonique, pause après repas, trajets en voiture, attente du bus, etc. Ainsi l’association des stimuli à la situation se lie et se renforce : telle que la présence de fumeurs en train de fumer, la vision de la volute, du bruit du briquet, du crépitement, de l’odeur, de la sensation de densité dans la cage thoracique, du contact avec les doigts, la bouche, etc.. La situation et le stimulus vont déclencher automatiquement une envie de fumer alors que ces cigarettes ne sont pas nécessaires "physiquement".
Ces trois dépendances sont fortement imbriquées et ne s’excluent pas mutuellement, elles doivent être prises en compte toutes les trois pour arrêter de fumer.
La nicotine
La nicotine est un alcaloïde présent dans les plantes de la famille des solanacées : aubergine, tomates, pommes de terre, poivrons, piments, physalis etc… Néanmoins, rien ne sert de se mettre au régime ratatouille pour arrêter de fumer puisque 10 kg d’aubergines contiennent l’équivalent en nicotine d’une cigarette.
Dans les produits du tabac, la nicotine est une des molécules les plus connues pour entretenir la dépendance et activer le circuit de la récompense dans le cerveau.
La cigarette est le moyen actuel le plus rapide pour obtenir un effet « shoot » car la nicotine arrive au cerveau en 7 secondes après la première bouffée et 2 bouffées suffisent à saturer la majorité des récepteurs à la nicotine du cerveau.
L'arrêt du tabac
Les substituts nicotiniques
En cas de désir d’arrêt du produit et de dépendance physique forte, il est recommandé d’utiliser un traitement pour être aidé(e) à l’arrêt. Les substituts nicotiniques sont les traitements recommandés par la Haute Autorité de Santé en première intention. Ils augmentent de 50% à 70% des chances de rester non-fumeur à long terme. Le traitement dure en moyenne de 3 à 6 mois, voire plus et la diminution se fait usuellement par pallier de 4 semaines. Les substituts nicotiniques apportent de la nicotine de manière régulière et lente afin de limiter le manque physique et d’éviter les pics de nicotine de la cigarette qui contribuent à la dépendance. Les substituts nicotiniques existent sous différentes formes : patchs gommes, comprimés, pastilles, inhaleurs et spray.
Il est conseillé d’associer les patchs et les formes orales afin de mieux adapter le traitement aux besoins. Les formes orales (gommes, comprimés etc.) sont ajoutées au patch pour aider la gestion des envies de fumer associées à des manques ou des événements au cours de la journée (après les repas, lors de discussions avec des fumeurs, en cas de contrariétés, de ressenti de stress…). L’envie de fumer diminue rapidement après leur prise en moins de 3 minutes.
Il est recommandé d'être accompagné par un professionnel de santé afin de favoriser la prescription du dosage nicotinique adapté à sa situation personnelle.
Les autres méthodes
L’entretien motivationnel, le soutien téléphonique, les outils d’autosupport (tabac-info-service.fr) et les thérapies cognitivo- comportementales sont également reconnues pour aider efficacement à l’arrêt du tabac.
Deux autres médicaments sont disponibles en France pour l’aide à l’arrêt du tabac : Varénicline et Buproprion. Ils sont recommandés par l’HAS en seconde intention.
Pour d’autres méthodes, le bénéfice dans l’aide à l’arrêt du tabac à long terme n’est pas encore prouvé scientifiquement : hypnose, acupuncture, …. Il n’y a pas de contre-indication à utiliser ces approches en plus des traitements recommandés en cas de dépendance forte.
Le vaporisateur personnel (e-cigarette) n’est pas mentionné dans les recommandations de bonne pratique de l’arrêt du tabac de l’HAS. Santé Publique France indique qu’il n’existe pas, pour l’instant, de preuves scientifiques indiscutables prouvant son efficacité dans l’arrêt. Cependant, il peut aider certains fumeurs à réduire leur consommation ou être une aide complémentaire dans une démarche d'arrêt.
Pour connaître le niveau de dépendance au tabac, un test en ligne est disponible.